Les scientifiques devraient-ils cloner les espèces disparues?

Quoi de plus excitant que de cloner un dinosaure? Puis les laisser se balader en toute liberté sur une île! Eh bien, Le Parc jurassique nous a montré que les résultats pouvaient être terrifiants.

Le saviez-vous?

La grenouille à incubation gastrique est disparue au début des années 1980. Les scientifiques à l’origine du projet Lazarus ont tenté de la ramener à la vie. Le magazine TIME a classé ce projet parmi les 25 meilleures inventions de 2013.

Cela fait déjà plus de 25 ans que ce film est sorti. Les scientifiques savent maintenant comment faire revivre les espèces disparues.

Les espèces qui ont disparu au cours des derniers millénaires pourraient faire l’objet d’une dé-extinction. Le processus est aussi appelé biologie de la résurrection ou renouveau des espèces. Pour cela, il suffit de quelques cellules préservées ou des traces d’ADN.

Mais est-ce une si bonne idée de ramener parmi nous les grands pingouins, les tigres à dents de sabre et les mammouths laineux?

Comment clone-t-on un animal?

On peut cloner un animal par transfert de noyau de cellules somatiques (TNCS). Cette technique requiert des cellules intactes provenant de l’espèce éteinte. Les scientifiques retirent d’abord le noyau de l’ovule d’une espèce toujours vivante étroitement apparentée. Ensuite, ils remplacent ce noyau par celui de l’espèce disparue.

Par exemple, ils pourraient remplacer le noyau de l’ovule d’un éléphant par le noyau d’une cellule de mammouth laineux. Le code génétique de l’éléphant serait ainsi remplacé par celui du mammouth laineux.

Une impulsion électrique provoque la multiplication des cellules. Si tout va bien, un embryon se créera. L’embryon est ensuite implanté dans une femelle de la même espèce que celle ayant fourni l’ovule.

Le saviez-vous?

Le TNCS a été utilisé pour donner naissance à la brebis Dolly, le premier mammifère cloné. 

Cependant, il est souvent très difficile de trouver des cellules intactes d’espèces disparues. Habituellement, les scientifiques n’arrivent à trouver que des morceaux d’ADN. Ces échantillons partiels d’ADN pourraient avoir été préservés dans le pergélisol ou bien provenir de spécimens dans les musées. Des morceaux d’ADN peuvent servir à reconstruire le génome (portrait génétique) d’une espèce disparue.

Les gènes responsables des traits de l’espèce éteinte sont d’abord synthétisés en laboratoire. Ils peuvent ensuite être progressivement intégrés (épissage) dans le génome d’un animal vivant étroitement apparenté. Ce processus est appelé ingénierie génétique.

Quel a été le résultat des activités de clonage jusqu’à maintenant?

La première tentative de dé-extinction a eu lieu en 2009. Les scientifiques ont utilisé des cellules préservées pour cloner un bouquetin des Pyrénées. Cette espèce de chèvre sauvage a disparu en janvier 2000.

La tentative a été un succès. Cependant, le clone avait une malformation pulmonaire. Il est mort à peine sept minutes après sa naissance. La brebis Dolly a connu un sort semblable. Elle est morte à l’âge de six ans, après la découverte de tumeurs dans ses poumons. En fait, la plupart des clones ont des problèmes de santé et une vie écourtée.

Pourquoi les clones meurent-ils souvent en bas âge? Parce que l’ADN provenant des cellules adultes est altéré par l’âge. Chaque fois qu’une cellule se divise, il y a des mutations et de petites pertes d’ADN. Au fil du temps, la détérioration de l’ADN s’accentue. Les scientifiques endommagent aussi l’ADN pendant le processus de clonage. C’est le cas, peu importe les précautions prises pour manipuler l’ADN.

Le saviez-vous?

Les scientifiques peuvent éviter les problèmes liés à la détérioration de l’ADN en utilisant des cellules souches. En fait, les cellules souches pourraient révolutionner le clonage.

La dé-extinction est-elle une bonne idée?

Les partisans de la dé-extinction affirment que nous avons l’obligation morale de ressusciter certains animaux disparus. Ils soulignent que les humains sont directement responsables de l’extinction de nombreuses espèces. Par exemple, la tourte voyageuse, la vache de mer de Steller et le dodo sont disparus en raison de la chasse, de la destruction de leur habitat et de maladies. 

Les partisans voient aussi la dé-extinction comme un moyen pour accroître la biodiversité. Cela pourrait profiter aux écosystèmes. Par exemple, la présence de grands herbivores, comme les mammouths laineux, pourrait améliorer la qualité des sols. Les étendues désolées de la toundra sibérienne pourraient se transformer en de riches pâturages.

Enfin, la recherche sur la dé-extinction pourrait fournir des moyens pour sauver les espèces en voie de disparition. Les opposants font valoir que la dé-extinction pourrait détourner des ressources destinées aux efforts de conservation. Menaçant ainsi d’extinction encore plus d’espèces.

Les espèces réintroduites pourraient aussi avoir de la difficulté à survivre dans la nature. Bon nombre de leurs anciens habitats n’existent plus. Ils n’auront pas les mécanismes de défense nécessaires pour se protéger contre des prédateurs inconnus. Leurs systèmes immunitaires pourraient ne pas être outillés pour composer avec de nouveaux agents pathogènes. Une fois infectés, ils pourraient transmettre des maladies aux autres espèces.

On ne sait pas trop qui remportera la victoire. Et on ignore encore jusqu’où mènera la recherche sur la dé-extinction. De toute évidence, il faudra prendre des décisions difficiles. Que ferais-tu?