Les guppys, ils sont partout!

Les guppys (Poecilia reticulata) sont l’une de ces espèces de poissons que l’on retrouve partout. Presque n’importe quelle animalerie où tu entreras et qui offre des poissons vivants en vente te proposera probablement des guppys. Si tu fais de la plongée libre dans un cours d’eau douce quelque part dans la région de l’Équateur, tu y apercevras peut-être aussi des guppys. Une observation rapprochée d’un égout de Rio de Janeiro te révèlera que des guppys y vivent aussi sans soucis!

Bien qu’il s’agisse de poissons de la même espèce, ils peuvent présenter des caractéristiques très différentes. Par exemple, leurs profils de reproduction ou leurs habitudes alimentaires seraient diversifiés. Voyons comment s’expliquent ces différences et pourquoi elles se produisent.

Quels sont quelques exemples d’adaptation locale des guppys?

Les guppys se caractérisent par leur abondance et leur vaste dissémination. Ils sont très nombreux, et ils vivent dans une multitude de lieux et d’environnements différents. Les guppys doivent posséder des caractéristiques particulières pour vivre dans ces environnements diversifiés.

Le développement de ces différences constitue un processus que les écologistes désignent par le nom d’adaptation locale. Ce processus permet aux populations de s’adapter à leur environnement de manière à assurer leur survie. L’adaptation peut éventuellement limiter les croisements entre des populations. Autrement dit, l’adaptation peut mener à la spéciation, soit la formation d’une nouvelle espèce.

Par exemple, certains guppys coexistent avec leurs prédateurs (ils vivent dans les mêmes cours d’eau que ces derniers). Ce n’est pas le cas pour d’autres. Des écologistes (les scientifiques qui étudient les interactions entre les organismes et leur environnement) ont découvert que ces deux catégories de guppys possèdent des caractéristiques différentes.

Un des prédateurs des guppys est un poisson de la famille des cichlidés. Certains de ces cichlidés qui vivent parmi les guppys sont dotés de caractéristiques faisant d’eux des prédateurs féroces. Entre autres, leur nage est rapide grâce à leurs longs corps. Leurs fortes mâchoires qui se meuvent rapidement leur permettent également d’attraper un plus grand nombre de proies.

Dans un milieu peuplé de cichlidés, les guppys ont moins de chances de survivre jusqu’à l’âge adulte. Ceux qui coexistent avec des cichlidés développent des stratégies visant à assurer la survie d’une partie de leur progéniture. Ils se reproduisent plus tôt, souvent, et produisent un grand nombre d’alevins. Les écologistes désignent les animaux de ce type par le nom de stratégie reproductrice. Cette stratégie entre souvent en jeu dans des environnements où les prédateurs sont nombreux. 

Comment les différents guppys influencent-ils leur environnement?

Les guppys qui coexistent avec des cichlidés influent sur leur environnement de manière différente par rapport à ceux qui n’ont pas cette catégorie de prédateurs dans leur voisinage. Cela s’explique du fait que ces deux catégories de guppys ont des régimes alimentaires distincts. Les guppys qui partagent leur environnement avec des cichlidés ne retrouvent pas beaucoup d’autres guppys dans leur milieu de vie. Ainsi, ils ne sont pas obligés de livrer concurrence à d’autres guppys pour s’alimenter. Ces guppys ont accès à une nourriture de la meilleure qualité, comme des moucherons et d’autres invertébrés. 

Par ailleurs, les guppys qui ne coexistent pas avec des cichlidés vivent en colonies beaucoup plus denses. Ils sont nombreux à se nourrir aux mêmes sources alimentaires, et ne peuvent donc pas être exigeants en la matière! L’éventail de leur régime alimentaire est beaucoup plus vaste, incluant des microorganismes et des organismes en décomposition (pourrissants).

Cette distinction est très importante. Elle signifie que les interactions entre prédateurs et proies peuvent modifier les caractéristiques d’une population, et inversement. Autrement dit, les processus écologiques (le flux de la matière et de l’énergie) et les processus évolutifs s’influencent mutuellement. Les biologistes pensaient auparavant que les processus évolutifs se déroulaient sur des milliers d’années et que le rythme des processus écologique était beaucoup plus rapide. La découverte que ces deux processus ont une incidence l’un sur l’autre s’est révélée être une percée extraordinaire.