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Introduction aux milieux humides d’eau douce

Vue aérienne d’un milieu humide

Vue aérienne d’un milieu humide (shaunl, iStockphoto)

Vue aérienne d’un milieu humide

Vue aérienne d’un milieu humide (shaunl, iStockphoto)

Parlons sciences
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Découvre la géologie, la chimie et l’écologie des milieux humides d’eau douce.

Milieux humides

Les milieux humides (aussi appelés « zones humides » ou « terres humides ») sont des habitats situés sous l’eau ou qui sont gorgés d’eau pendant une partie de l’année. Les marais, les marécages, les tourbières et les tourbières alcalines sont des exemples de milieux humides d’eau douce.

Au Canada, les milieux humides couvrent environ 1,29 million de kilomètres carrés, soit 13 % du territoire du pays. Cela représente environ 25 % des milieux humides qui existent dans le monde.

Vingt-cinq pour cent des milieux humides du Canada se trouvent dans le bouclier boréal, 21 % dans les plaines hudsoniennes, 18 % dans les plaines boréales.

Carte du répertoire des zones humides du Canada
Première carte du répertoire des milieux humides du Canada basée sur le Système de classification des terres humides du Canada, 2019 (Source : Remote Sensing, 2019, vol. 11, no 7, 842; https://doi.org/10.3390/rs11070842).
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On voit une carte du Canada avec des couleurs représentant les types de milieux humides. Dans le coin supérieur droit, une légende indique le type de milieu humide représenté par chaque couleur. Les couleurs sont marbrées à travers le pays, mais certains motifs sont visibles. À partir du haut, les parties septentrionales des îles de l’Arctique sont blanches, ce qui correspond à l’étiquette « Neige ». La majeure partie du reste de l’Extrême-Arctique est gris foncé, correspondant à « Sol nu ». La partie continentale du Nunavut, le Nord du Québec et le Labrador sont orange, correspondant à l’étiquette « Prairies ». En dessous, une bande de rose traverse les Territoires du Nord-Ouest, le sud du Nunavut et le nord de la Saskatchewan, le Manitoba, l’Ontario, le Québec et le Labrador. Ceci correspond à l’étiquette « Marais ». Le long de la limite inférieure de cette zone, une bande de vert pâle plus mince s’étend du Yukon jusqu’à l’est des Territoires du Nord-Ouest, le nord de l’Alberta, la Saskatchewan, le Manitoba, l’Ontario et le Québec ainsi que le sud du Labrador. Ceci correspond à l’étiquette « Tourbières alcalines ». Des agrégats de couleur brune apparaissent dans le nord de la Colombie-Britannique, en Alberta, en Saskatchewan, au Manitoba, en Ontario, au Québec et dans le Canada atlantique. Les parties sud des provinces du sud sont tachetées de brun, d’orange et de gris, représentant des forêts, des prairies et du sol nu.

Le savais-tu?

Près de 80 % de la superficie des plaines hudsoniennes sont des milieux humides. Ces plaines bordent le contour de la baie d’Hudson et de la baie James, dans l’est du Manitoba, le nord de l’Ontario et l’ouest du Québec.

Il y avait autrefois de nombreux milieux humides à la grandeur du Canada, mais leur nombre diminue avec le temps. Au sud de l’Ontario, 68 % des terres humides d’origine ne sont plus dans leur état naturel. Ces terres sont maintenant utilisées pour l’agriculture et le logement. Dans le sud-ouest du Manitoba, seulement 25 % des milieux humides d’origine subsistent encore dans la région des fondrières des Prairies. La bonne nouvelle est que, dans le nord du Canada, la plupart des milieux humides sont intacts.

Ce n’est pas parce qu’un terrain est humide qu’il est automatiquement un milieu humide. La quantité d’eau qui se trouve dans un milieu humide peut changer en fonction de la température et des précipitations. C’est pourquoi nous devons examiner d’autres critères avant de décider si un terrain est un milieu humide ou non. L’un des moyens d’y arriver consiste à examiner le sol.

Les milieux humides ont des sols hydromorphes (ou hydriques). Les sols hydromorphes sont complètement saturés d’eau. Ils sont également anaérobiques, ce qui veut dire qu’ils contiennent très peu d’oxygène

L’absence d’oxygène explique pourquoi les couleurs et les textures de ces sols sont différentes des sols aérobiques. Les sols aérobiques contiennent de grandes quantités d’une forme de fer (Fe) qui donne au sol une couleur jaune, orangée ou rougeâtre. Les sols anaérobiques contiennent une forme de fer différente, qui donne au sol une couleur grise.

Les plantes qui poussent dans les milieux humides ont des adaptations spéciales. Celles-ci leur permettent de vivre dans des conditions pauvres en oxygène. Les quenouilles et les scirpes ont ces adaptations. Si tu vois des quenouilles et des scirpes, c’est un bon indice que l’endroit où tu te trouves est un milieu humide.

Quenouilles et scirpes poussant dans un milieu humide autour d’un petit étang
Quenouilles et scirpes poussant dans un milieu humide autour d’un petit étang (Source: Pito Fotos via iStockphoto).
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Une photo en couleur montre des plantes vertes grandes et fines qui poussent dans l’eau. Au centre de l’image se trouve un plan d’eau sombre et calme. Autour de lui, sur les bords de l’image, se trouvent de grandes plantes aux longues feuilles fines. Elles ressemblent un peu à de longues graminées vertes qui poussent hors de l’eau. Certaines plantes sont surmontées de fleurs filiformes, pâles et à l’aspect épineux. D’autres ont des cylindres bruns aux extrémités arrondies.

Les milieux humides sont importants pour beaucoup d’animaux. Tu connais bien certains de ces animaux, comme les grenouilles. D’autres sont moins connus. 

Chaque goutte d’eau contient du phytoplancton et du zooplancton, dont les organismes microscopiques sont des éléments importants de la chaîne alimentaire. Le phytoplancton est composé d’algues capables de créer la nourriture dont elles ont besoin. Le zooplancton est un animal microscopique qui se nourrit du phytoplancton. 

La surface de l’eau et le fond des milieux humides sont recouverts d’œufs, de larves et de nymphes d’insectes. Les poissons, les amphibiens et les reptiles dépendent de l’habitat fourni par les milieux humides. De nombreuses espèces d’oiseaux et de mammifères utilisent aussi l’eau ainsi que les rives adjacentes. 

Examinons de plus près les différents types de milieux humides et voyons quelques plantes et animaux qui y vivent.

Les marais

Les marais sont constamment ou régulièrement recouverts d’une eau stagnante ou à faible courant. Les marais sont riches en nutriments

On y trouve de nombreux types de végétation émergente. Celle-ci est constituée de plantes qui poussent dans l’eau et sont visibles au-dessus de la surface. Les roseaux, les joncs, les quenouilles et les carex en sont des exemples. Les racines de ces plantes sont couvertes d’eau pendant la plus grande partie de leur saison de croissance. Les marais sont le type le plus productif des milieux humides. Cela signifie qu’ils produisent plus de matières organiques que les autres milieux humides. 

Les marais abritent de nombreuses espèces protégées, comme le pygargue à tête blanche, la grue du Canada, la couleuvre fauve de l’Est et le crapaud de Fowler. 

Des photographies en couleur de trois animaux protégés, disposées en rangées, sont présentées.
De gauche à droite : un pygargue à tête blanche, une couleuvre fauve de l’est et un crapaud de Fowler (Sources: David McGowen via iStockphotoPeter Paplanus [CC-BY-SA] via Wikimedia Commons et Judy Gallagher via Wikimedia Commons)
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Des photographies en couleur de trois animaux protégés, disposées en rangées, sont présentées. L’image de gauche montre un grand oiseau au corps brun, à la tête blanche et au bec crochu, volant à travers un paysage vert. L’image du centre montre un serpent brun avec des taches brun foncé, enroulé dans de l’herbe verte courte. L’image de droite montre un crapaud à la peau bosselée et brun clair, assis parmi des brindilles et des feuilles.

Les marécages

Des arbres et des arbustes sont présents dans les marécages, alors qu’il n’y en a pas dans les marais. Les marécages peuvent être inondés selon la saison ou pendant de longues périodes. Comme les marais, les marécages sont productifs et riches en substances nutritives. 

Parmi les plantes qui poussent dans les marécages, on trouve des conifères, c’est-à-dire des arbres dont les fruits sont des cônes, et les feuillus ou arbres à feuilles caduques. Au Canada, les marécages se trouvent surtout dans le sud du pays. Les marécages abritent de nombreuses espèces protégées, comme l’habénaire blanchâtre (une orchidée), la pie-grièche migratrice, la buse à épaulettes et la tortue mouchetée. 

Trois photographies en couleur sont présentées côte à côte montrant différentes plantes et animaux trouvés dans les marais.
De gauche à droite : une pie-grièche migratrice, une habénaire blanchâtre et une tortue mouchetée (Sources: Canon_Bob via iStockphoto, Service de la pêche et de la faune des États-Unis [domaine public] via Wikimedia Commons et Wirepec via iStockphoto).
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Trois photographies en couleur sont présentées côte à côte montrant différentes plantes et animaux trouvés dans les marais. L’image de gauche montre un oiseau gris pâle avec une longue queue noire, posé sur un poteau de clôture. Il a des rayures noires sur ses yeux et le long du bord de ses ailes. L’image du centre montre une plante verte avec de nombreuses petites fleurs blanches froncées, disposées autour du sommet de la tige. L’image de droite montre une tortue avec une carapace brun foncé et beige à peine visible parmi les brindilles et les feuilles sur le sol.

Les tourbières

Les tourbières sont des milieux humides qui contiennent de la tourbe. La tourbe est une accumulation de plantes partiellement décomposées. La couche supérieure des tourbières, d’une épaisseur de 30 à 50 centimètres, abrite des mousses et d’autres plantes vivantes. C’est sous cette couche que se trouve la tourbe, qui peut atteindre 10 mètres d'épaisseur!

Vidéo (30 s.) sur les tourbières (2013) par la Faune et Flore du pays.

Le savais-tu?

Dans certaines régions du monde, la tourbe est récoltée puis séchée pour être utilisée comme combustible!

Dans une tourbière, la tourbe se comporte comme une éponge géante. Autrement dit, l’eau s’écoule difficilement à travers elle. Le mauvais drainage et l’accumulation de plantes en décomposition rendent les tourbières très acides. L’eau des tourbières provient seulement des précipitations

L’acidité élevée et la faible teneur en oxygène des tourbières rendent la croissance des plantes très difficile. C’est pourquoi il y a peu de biodiversité dans les tourbières. 

Les sphaignes constituent le principal type de végétation retrouvé dans les tourbières. Les sphaignes sont souvent appelées « mousse de tourbe ». Les mousses sont de petites plantes tendres munies de petites feuilles. N’ayant pas de racines, les mousses absorbent l’eau par leurs feuilles.

On peut aussi trouver dans les tourbières des arbustes comme la bruyère. La bruyère est adaptée pour vivre dans les sols acides. La linaigrette, la canneberge, le laurier des marais, le cassandre caliculé, le bleuet et le thé du Labrador sont d’autres plantes qui poussent dans les tourbières.

Deux photographies côte à côte de tourbières sont présentées.
À gauche : une tourbière couverte de sphaigne, en Ontario; à droite : en Écosse, une femme empile des plaques de sphaigne pour les faire sécher; une fois sèches, ces briques serviront de combustible (Sources: Moorefam via iStockphoto et wanderluster via iStockphoto).
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Deux photographies côte à côte de tourbières sont présentées. L’image de gauche montre un terrain plat et vallonné recouvert d’un tapis de mousses vertes, dorées et orange. L’image de droite montre une personne portant des bottes en caoutchouc, en position penchée vers le sol. Le terrain est principalement plat et recouvert de plantes basses de couleur verte. Une tranchée a été creusée dans le sol pour révéler des couches de brun sous la surface.

Dans les tourbières, on trouve aussi des plantes carnivores comme les droséras, les grassettes et les sarracénies pourpres. Les plantes carnivores sont intéressantes. Elles se nourrissent de petits insectes et d’araignées, qu’elles capturent avec un liquide collant ou en les piégeant dans leurs feuilles.

Trois photographies en couleur sont présentées côte à côte montrant différentes plantes carnivores.
De gauche à droite : une droséra à feuilles rondes (Drosera rotundifolia), deux grassettes communes (Pinguicula vulgaris) et une sarracénie pourpre (Sarracenia purpureaiStockphotoJörg Hempel [CC-BY-SA] via Wikimedia Commons et Westhoff via iStockphoto).
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Trois photographies en couleur sont présentées côte à côte montrant différentes plantes carnivores. La première image montre une plante vert pâle avec des tiges velues. Les sommets de plusieurs tiges ont des structures rondes et vertes en forme de beignet parsemées de ce qui ressemble à des moustaches rouge vif. Tous sont recouverts de gouttes de liquide brillant. L’image du centre montre deux plantes aux tiges hautes, fines et rougeâtres et aux petites fleurs violet vif. Chacune comporte des feuilles vert pâle disposées en éventail autour de sa base. L’image de droite montre une plante avec une tige vert pâle. Celle-ci est surmontée de deux structures bulbeuses vertes qui pendent des tiges sur une couronne de petites feuilles pointues rougeâtres. La base de la plante est entourée de feuilles courtes rouge orangé.

Le savais-tu?

Les tourbières couvrent plus de 1,1 million de kilomètres carrés, soit environ 12 % du territoire du Canada. 

Les tourbières offrent un habitat à des espèces d’oiseaux migrateurs et à d’autres espèces d’oiseaux qui y vivent en permanence. On y trouve, par exemple, des parulines à couronne rousse, des bruants de Lincoln et des busards Saint-Martin. 

Quelques espèces de gros mammifères vivent dans les tourbières, comme l’orignal, le cerf de Virginie, le bison des bois et le caribou. Des petits mammifères, par exemple, les lemmings des tourbières, les lemmings de Cooper et les musaraignes arctiques, préfèrent les tourbières à d’autres types d’habitats.

Les tourbières alcalines

Les tourbières alcalines (aussi appelées « tourbières minérotrophes ») sont un type de tourbière. Contrairement aux tourbières, l’eau des tourbières alcalines provient des eaux de ruissellement et des eaux souterraines. Le sol de ces tourbières est donc moins acide. N’étant pas aussi pauvres en substances nutritives que les tourbières, les tourbières alcalines sont plus productives. 

Les carex sont le principal type de végétation vivant dans les tourbières alcalines. On y trouve aussi des arbres comme les cèdres, les bouleaux nains, les épinettes noires et les mélèzes. 

Deux photographies en couleur côte à côte sont présentées.
À gauche : une tourbière avec des carex au premier plan et des arbres à l’arrière-plan; à droite : un rat musqué (Sources: Aaron Carlson [CC BY-SA 2.0] et Sebastián Saiter V. [CC BY-SA 4.0]).
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Deux photographies en couleur côte à côte sont présentées. L’image de gauche montre des conifères dispersés sur un terrain plat avec de longs carex verts et jaunes. L’image de droite montre un animal à fourrure brune et mouillée qui est accroupi dans l’eau. Autour de lui, de longues feuilles vertes poussent hors de l’eau.

Les tourbières alcalines sont plus nombreuses dans le nord du Canada. Parmi les oiseaux qui fréquentent les tourbières alcalines, mentionnons le râle de Virginie, la paruline jaune et le bruant des marais. On peut aussi y rencontrer des mammifères comme la musaraigne palustre, la taupe à nez étoilé et le rat musqué.

Le savais-tu? 

Dans certaines régions du Canada, les tourbières sont appelées « fondrières de mousse » en français et muskegs en anglais. Le mot anglais est dérivé du mot maskeg, de la langue crie, et du mot mashkiig, de la langue ojibwée, qui signifient tous deux « tourbière herbeuse ».

Terres humides

Cet article de la Fédération canadienne de la faune contient des informations, des vidéos, des images et des audioclips sur les milieux humides du Canada. 

Tourbières

Cet article de la Fédération canadienne de la faune contient des informations, des vidéos, des images et des audioclips sur les tourbières du Canada.

Milieux humides

Cette page de l’organisation Canards Illimités Canada explique comment les milieux humides protègent les animaux sauvages et les écosystèmes, et pourquoi ils se font de plus en plus rares.

Tourbières 101 : caractéristiques et origine 
Cet article des Amis de la Tourbière de Saint-Joachim-de-Shefford décrit les tourbières et comment elles se forment.

Fondrières de mousse (2018)

Cet article de l’Encyclopédie canadienne explique l’origine du mot anglais muskeg (en français, « fondrière de mousse »), comment se forme ce type de tourbières et pourquoi elles sont importantes.

Références

Amani, M. et. al. Canadian Wetland Inventory using Google Earth Engine: The First Map and Preliminary Results. Remote Sensing. 2019, 11(7), 842; https://doi.org/10.3390/rs11070842

Government of Canada. (2016, January 14) Water sources: wetlands. Canada.ca. 

Lahey, A. (2019, July 25). Wetland who's who: Do you know your bogs from your fens?. Cottagelife.com. 

Langlois, A. (2013). Peatlands. Hinterland Who’s Who.

National Wetlands Working Group. (1997). Canadian Wetland Classification System. Wetlandpolicy.ca. 

Science Direct. Wetland Soil - an overview.

Southee, M. (2020, April 30). It’s time to start paying attention to Canada’s peatlands. Canadian Encyclopedia.