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Célébration du 30e anniversaire de Parlons sciences : Bonnie Schmidt, présidente et fondatrice, parle d’origines modestes et de lendemains remplis d’espoir

Blogue | 15 septembre 2023 | Partager sur :

La récession économique du début des années 1990 a durement frappé le secteur de la recherche scientifique. Les financements ont été réduits, les subventions ont disparu et, en raison de la faible sensibilisation de la population, les effets négatifs n’ont pas été reconnus par le public. C’était une période d’incertitude et la récession a poussé la communauté scientifique à se demander si la population accordait de l’importance à la recherche scientifique. Pendant ce temps, en 1991, Bonnie Schmidt préparait son doctorat en physiologie à l’Université Western de London, en Ontario. Ayant changé d’orientation après avoir échoué deux fois à l’épreuve de sculpture manuelle du test d’aptitude du programme de dentisterie, la jeune étudiante cherchait encore à savoir exactement où elle souhaitait se diriger lorsqu’elle a commencé à constater le fossé qui sépare la ville de la cité métaphorique. Elle a commencé à combler ce fossé en mobilisant les élèves de l’université pour qu’ils transportent la science jusque dans les salles de classe de leur communauté. Accompagnée d’une poignée d’élèves diplômés et grâce au soutien de quelques mentors importants, Bonnie a commencé à jeter les bases de ce qui allait devenir l’organisme sans but lucratif national Parlons sciences, qui a été depuis récompensé par de nombreux prix.  

Bonnie teaching students

 

« J’ai lancé un petit projet de sensibilisation en compagnie de quelques élèves diplômés en physiologie à Western dans la communauté de London, et il s’est développé très rapidement », se souvient Bonnie. Ce projet a vu le jour en raison du déclin du financement de la recherche et de la volonté de promouvoir la recherche et d’aider les gens à comprendre son rôle et sa valeur. Malgré l’appétit vorace exprimé par les élèves et la communauté, le lancement du programme ne s’est pas fait sans heurts. À l’époque, Mme Schmidt préparait son doctorat tout en travaillant comme assistante d’enseignement et comme barmaid dans un pub irlandais local, ce qui lui laissait peu de temps pour d’autres activités. « Je ne suis pas une organisatrice communautaire dans l’âme. Je n’essayais pas du tout de changer le monde, admet-elle candidement. Pour moi, il était clair que l’accès des communautés à la science et à l’éducation était déficient et j’ai pensé que je pouvais faire quelque chose pour y remédier. » Plutôt que d’essayer de tout faire elle-même, Bonnie s’est affairée à jumeler des élèves diplômés intéressés avec des enseignants de la communauté et les a laissés expérimenter pour voir ce qui fonctionnait le mieux.  

Bonnie laughing with a student

 

En 1993, alors qu’elle terminait son doctorat, Bonnie a été contactée par une collègue, la docteure Barbara Vanderhyden, de l’Université d’Ottawa, qui avait été étudiante au doctorat quelques années avant elle à l’Université Western. Elle avait entendu parler de son succès en matière de sensibilisation et cherchait à le reproduire. Au même moment, un autre professeur, de l’Université Queen’s cette fois, avait entendu parler du programme et posait les mêmes questions. « Ces demandes m’ont amenée à créer le premier manuel opérationnel », explique Bonnie. Ce manuel a aidé d’autres établissements à mettre sur pied leur site de sensibilisation pour rejoindre ce qui s’appelait alors « le Programme de partenariat » et qui est devenu Parlons sciences. « À peu près au moment où l’intérêt des autres universités a commencé à croître, la Fondation Lawson m’a proposé un financement, explique Bonnie. Cela m’a permis de me concentrer à plein temps sur Parlons sciences une fois que j’ai obtenu mon diplôme, et c’est pourquoi nous jugeons que l’organisme a vu le jour officiellement en septembre 1993. » De trois sites en 1993, Sensibilisation Parlons sciences s’est depuis étendu à plus de 55 universités, établissements d’enseignement supérieur et instituts de recherche couvrant l’ensemble du pays. 

Bien que l’objectif initial de l’organisme était de susciter l’intérêt pour les sciences, il s’est rapidement élargi. « Il ne nous a pas fallu longtemps pour réaliser la valeur de l’engagement scientifique en tant que plateforme d’apprentissage en nous appuyant sur la curiosité naturelle des enfants, explique Bonnie. Un changement majeur, bien que subtil, s’est produit lorsque nous sommes passés d’une approche de “Je vais vous enseigner l’ADN” à “Je vais utiliser la science pour vous intéresser au monde qui vous entoure” ». Aujourd’hui, Parlons sciences, par la sensibilisation aux STIM, s’efforce d’accompagner les jeunes en prévision de leur vie professionnelle et citoyenne. « Un autre aspect qui a évolué est notre reconnaissance de l’importance d’aider les enfants à réfléchir aux carrières et aux parcours postsecondaires bien plus tôt dans leur vie, explique Bonnie. Nous sommes conscients que de nombreuses personnes évoluant à l’extérieur de l’univers des STIM continuent d’avoir des idées stéréotypées et traditionnelles des parcours qui peuvent découler d’une formation en STIM. Nous voulons nous attaquer à ces barrières et à ces stéréotypes en rendant la science vivante pour les jeunes et en mettant en évidence les nombreuses opportunités qui s’offrent à ceux qui possèdent une expérience en STIM. » 

L’objectif de Parlons sciences a toujours été d’avoir un impact sur tous les jeunes du pays. Que ce soit dans les centres métropolitains, les zones rurales, les communautés autochtones ou le Grand Nord, l’organisme s’efforce de faire en sorte que chacun se sente inclus. « Dès le départ, nous nous demandions comment nous arriverions à faire participer tout le monde, puisque le Canada comptait si peu d’enfants. Bientôt, nous avons compris qu’il nous fallait aller vers eux, explique Bonnie. Au fur et à mesure que nous sommes devenus plus intelligents et que nous en avons appris davantage sur les enjeux historiques et les injustices actuelles, l’organisme est devenu encore plus clair dans son approche. Aujourd’hui, nous disons : “Nous savons que nous voulons être inclusifs, alors soyons clairs dans l’identification et le traitement des obstacles systémiques et trouvons les mécanismes de soutien et les ressources nécessaires pour les surmonter.” » Aujourd’hui, Parlons sciences collabore avec plusieurs organismes différents pour favoriser la participation des jeunes en quête d’équité, notamment Littératie Ensemble, BGC Canada, la San Romanoway Revitalization Association, le Réseau canadien des scientifiques noirs, IDEA-STEM, l’Imhotep’s Legacy et plusieurs autres. 

Bonnie working with students

Au fil des ans, nous avons certainement connu des hauts et des bas, mais l’une des plus grandes réussites que reconnaît Mme Schmidt est la popularisation de la mission de Parlons sciences. « L’acronyme STIM n’existait pas il y a 15 ou 20 ans et les attitudes à leur égard n’étaient pas très bonnes, souligne-t-elle. Nous avons été des acteurs de la première heure et l’un des seuls groupes nationaux à avoir pensé aux modèles de rôle et à l’engagement scientifique auprès des jeunes et du personnel de l’éducation. » Aujourd’hui, beaucoup de gens savent que « STIM » signifie sciences, technologie, ingénierie et mathématiques, et vous pouvez trouver partout des camps d’été, des jeux informatiques et des jouets sur le thème des STIM. « Dans de nombreux pays, le programme d’enseignement des sciences évolue lentement et il reste encore beaucoup à faire. Nous sommes appelés à réfléchir à la manière dont nous pouvons soutenir le développement de programmes d’enseignement tournés vers l’avenir, qui suivent le rythme des changements rapides qui se produisent dans le monde. » 

Bonnie speaking to students

L’enseignement des sciences a beaucoup évolué au cours des 30 dernières années et continue de changer rapidement. Selon Bonnie, les changements climatiques et la durabilité seront au cœur de l’enseignement des STIM et les sciences deviendront de plus en plus interdisciplinaires. « Les cours de sciences ne consisteront plus simplement à mémoriser des contenus, mais à comprendre les processus scientifiques et l’application de la science dans la résolution de problèmes », prédit-elle. En ce qui concerne Parlons sciences, elle espère que l’organisme pourra rester sur la voie d’une croissance durable. « Notre objectif est toujours d’avoir un impact positif sur tous les enfants du pays, et nous avons donc encore du chemin à parcourir, déclare-t-elle. Nous sommes actuellement présents dans environ un tiers des écoles et avons accès à plus de 1600 communautés. Nous voulons que Parlons sciences devienne une ressource de choix pour tous les enseignants et toutes les enseignantes dans chaque école, et que chaque enfant du pays fasse l’expérience de notre programmation et de ce que nous avons à offrir. »   

Parlons sciences a parcouru bien du chemin au cours des 30 années qui se sont écoulées depuis que Bonnie Schmidt a réalisé pour la première fois qu’il était possible de tisser un lien avec sa communauté par l’entremise de la science. Fort de partenariats avec plus de 55 universités, collèges et instituts de recherche, de réseau de bénévoles, plus de 100 employés à temps plein et plus de 16 millions d’interactions avec des jeunes, des éducateurs et des parents depuis 1993, Parlons sciences est prêt à aborder les 30 prochaines années. Bonnie est convaincue que tous les jeunes peuvent tirer profit de la compréhension des processus et des applications de la science pour réfléchir de manière plus critique sur le monde, même s’ils n’envisagent pas de faire des études supérieures ou une carrière dans les STIM. Et elle a quelques conseils à donner à ceux qui commencent à s’intéresser aux sciences : « Amusez-vous! Oubliez l’acronyme, plongez au cœur de la matière et voyez comment vous pouvez devenir un explorateur ou une exploratrice de votre environnement en utilisant les outils de STIM pour mieux connaître et influencer le monde. Voilà ce qui compte vraiment! » 

Namirah Quadir