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Le pouvoir et l’influence des femmes dans les domaines STIM

Dans les médias | 10 février 2022 | Partager sur :

Parlons sciences et la Société royale du Canada se sont associés pour offrir aux lecteurs du Globe and Mail une couverture pertinente des enjeux qui nous concernent tous, de l'éducation à l'impact des avancées scientifiques. Cet article a d’abord été publié sur le site du Globe and Mail.


Caroline Huang est une élève du secondaire, lauréate des prix Sanofi Biogenius Canada et International BioGENEius et stagiaire de Parlons sciences.

J’ai lancé à la blague « Hé, c’est le pouvoir des femmes dans les STIM »,  aux autres filles dans mon cours de physique. Nous étions les premières à terminer une course pour un laboratoire banal lié à l’énergie, puis j’ai fait un petit geste célébratoire sans trop d’enthousiasme. Mais au fond de moi, j’étais très fière car je sentais une synergie indéniable dans notre résolution de problèmes scientifiques, le sentiment que j’aime le plus lorsque je travaille en sciences, en technologie, ingénierie et en mathématiques, les STIM.

Si vous me demandez de vous parler des STIM aujourd’hui, je vous parlerai avec passion de mes derniers projets ou expériences. Cependant, mon enthousiasme pour un avenir lié aux STIM n’a pas toujours été aussi évident. Je ne m’étais pas donné la peine d’explorer assez en profondeur les carrières scientifiques passionnantes qui s’ouvrent à moi aujourd’hui.

Comme un déplorable cliché, une histoire trop souvent racontée, je ne suis pas étrangère au fossé des sexes dans les STIM. Ma première prise de conscience de ne « pas se sentir  à sa place » s’est produite alors que j’étais en neuvième année et que je me suis joint au club d’ingénierie de mon école. Outre le fait que j’ai fini par me rendre compte que j’étais l’une des seules filles, voire la seule fille présente, je n’ai jamais pu mettre le doigt sur ce qui n’allait pas réellement. Alors que les activités habituelles se poursuivaient, je me suis dit que je ne correspondais pas au rôle de quelqu’un qui réussirait en sciences. Je me rends compte aujourd’hui que les filles comme moi, souvent parce que nous croyons au meilleur des gens, rejettent, ou pire intériorisent les cas de « mecsplication » et de condescendance.

Caroline au labo
Student in Lab

C’est grâce à l’ennui créé par l’isolation de la quarantaine que je me suis poussée à participer à des expo-sciences comme passe-temps productif. Bien que j’aie compris que la réalisation d’un projet d’expo-sciences exigeait un certain dévouement, ce n’est qu’après de mûres réflexions que j’ai réalisé que ce dévouement s’était transformé en confiance. J’avais un sentiment d’assurance que je souhaiterais à toute fille doutant de son appartenance aux STIM. Mes deux projets, l’un portant sur la régénération nerveuse grâce à une une intelligence décentralisée chez les myxomycètes et l’autre sur la prévision des inondations en Asie du Sud-Est à l’aide de la théorie de la percolation , m’ont enthousiasmé à l’égard des sciences pour la première fois.

Si ce n’était de la pandémie, j’aurais parcouru le continent pour représenter le Canada dans des foires internationales. Même lors de cérémonies virtuelles de remise de prix, je chéris toujours le stress de l’anticipation et le sentiment lorsque son nom est nommé et que, pour un jour seulement, vous vous sentez comme un vrai génie.

Mais les véritables avantages des concours scientifiques vont bien au-delà du jour du concours. La participation aux expo-sciences expose inévitablement les élèves à des modèles, qu’il s’agisse d’autres jeunes motivé·e·s ou de juges professionnel·le·s. Surtout au niveau national et international, vous pouvez avoir l’impression d’être un petit poisson solitaire dans une grande mare. Cependant, prenez un peu de recul, et vous réaliserez que vous faites partie de quelque chose de bien plus grand.

À la foire internationale de science et de génie Regeneron, l’une des expo-sciences les plus importantes au monde, le fossé des sexes s’est réduit pour devenir presque inexistant avec le temps, avec 48,3 p. 100 des 1 833 finalistes de l’année dernière s’identifiant comme des femmes. Et laissez-moi vous dire que les femmes dans les STIM lors des expo-sciences sont une force dont il faut tenir compte.

Au niveau international, la compétitivité s’apparente aux sports de haut niveau, mais il s’agit plutôt d’une bataille de la force du cerveau et non des muscles. Vous y retrouvez des collègues scientifiques féminines qui ont escaladé des glaciers pour recueillir des données ou qui ont contribué au codage pour réinventer le diagnostic du cancer grâce à l’apprentissage machine. Si vous avez de la chance, vous nouerez des amitiés avec des femmes qui catalyseront vos connaissances, votre réseau et votre confiance. Par exemple, une de mes amies étonnantes, Patricia Rea, effectue des recherches phénoménales sur des levures antigel et m’a enseigné le génie protéique. Elle m’a fait découvert le MIT Global Bio Summit où j’ai même donné une courte conférence. Ce fut une expérience qui, contrairement au club d’ingénierie, m’a permis de m’accrocher à la science. J’avais finalement trouvé une communauté diversifiée et inclusive qui m’a permis d’en apprendre davantage. Je n’aurais jamais pu imaginer tout le chemin que j’ai parcouru depuis la 9e année, et jusqu’où j’irai.

Cependant, je ne serais pas qui je suis sans le mentorat et le soutien transgénérationnels qui rayonnent des femmes de la communauté des STIM. C’est avec humilité que je constate que des femmes comme Giannoula Klement, qui guident des recherches de pointe, des femmes comme Bonnie Schmidt, qui dirigent des organismes qui changent les paradigmes, et des femmes comme Marissa Poole, qui dirigent des industries d’un milliard de dollars, sont les leaders influentes mais compatissantes qui précèdent ma génération. Je leur suis reconnaissante d’avoir non seulement accepté de prendre un café et de discuter avec une jeune fille de 16 ans trop ambitieuse, mais aussi de s’être investies dans son parcours. Ces leaders inspirantes font plus qu’ouvrir la voie de l’Avenir aux filles; elles regardent en arrière et utilisent leur pouvoir pour changer le récit. C’est cela, la véritable responsabilisation.

Et la véritable émancipation est cyclique. Le pouvoir des femmes dans les STIM est alimenté par nos réalisations, mais aussi par l’influence que nous avons les unes sur les autres au sein de cette communauté. En tant qu’ambassadrice de Plan International Canada , j’ai été témoin de l’impact d’une communauté de soutien, même pour des filles situées à un océan de distance. Grâce à mon travail à Parlons sciences, j’ai réalisé l’importance d’une éducation en STIM inclusive et il n’y a pas d’âge pour aider une fille à croire en elle-même.

Je reconnais maintenant que lorsque j’ai le pouvoir, il est de ma responsabilité de favoriser un environnement inclusif qui accueille la diversité. Je suis fière de célébrer les réalisations de mes pairs féminins, de m’élever contre les microagressions, de faire connaître les possibilités et de mentionner ces personnes qui m’inspirent, car ce n’est qu’en s’entraidant que les femmes et les filles font bouger les choses. En rendant la pareille, je me rends compte que je peux avoir un impact tout aussi profond en ouvrant des portes pour les autres.

Le 11 février, nous célébrons la Journée internationale des femmes et des filles de science. Aux jeunes filles, je dis : trouvez votre « expo-sciences ». À mes héroïnes, toutes les femmes et les alliés qui regardent en arrière et élèvent la prochaine génération, je dis merci. Et à tous les autres qui devraient s’émerveiller de ce que cette communauté a accompli, je dis « Hé, voilà le pouvoir des femmes dans les STIM ».