La réconciliation par l’entremise de l'enseignement des STIM
Parlons sciences et la Société royale du Canada se sont associés pour offrir aux lecteurs du Globe and Mail une couverture pertinente des enjeux qui nous concernent tous, de l'éducation à l'impact des avancées scientifiques. Cet article a d’abord été publié sur le site du Globe and Mail.
Écrit par Tammy Webster, directrice de l'équité, Parlons sciences
Il est reconnu que l'éducation est un élément clé de la réconciliation, mais pourquoi les sciences, la technologie, l'ingénierie et les mathématiques (STIM) sont-elles si essentielles ? La culture scientifique et l'innovation sont essentielles pour résoudre les problèmes critiques de nombreuses communautés autochtones, comme les enjeux liés à la santé, aux effets du changement climatique et à l'insécurité alimentaire. Cependant, trop de jeunes se retirent des STIM à l'école ou ne se reconnaissent pas dans les STIM. Cela est particulièrement vrai pour les jeunes autochtones.
La réconciliation est une question de relations et appelle à redéfinir, réimaginer et revitaliser. En tant qu'éducatrice des Premières Nations, consultante, directrice et directrice certifiée en Ontario, comprendre et vivre les relations est essentiel pour faire bouger l'aiguille de l'équité et augmenter le nombre d'autochtones dans les domaines des STIM. Les STIM font partie de notre vie depuis des millénaires. Cependant, une vision occidentale des autochtones a tenté d'étouffer nos connaissances et nos modes de vie. Pourtant, les STIM, sous diverses perspectives, peuvent aider à résoudre certains des problèmes les plus urgents de l'humanité. Tant les modes de connaissance autochtones que la science occidentale ont été construits par des personnes afin de mieux comprendre le monde, et ces deux éléments reposent sur l'observation et la communication. Peut-être que le fait de chercher à trouver des valeurs partagées et des points communs nous aidera à jumeler différentes perspectives pour mieux comprendre le monde.
Pour ce qui est des Premières Nations, des concepts comme celui de la vision à deux yeux permettent de faire le pont entre ces deux mondes. La vision à deux yeux est une approche d'enquête et de solutions dans laquelle les gens se réunissent pour, d’un œil, voir le monde à travers une lentille autochtone (perspective) et, de l’autre œil, voir à travers une lentille occidentale. J'ai été éduquée dans une université coloniale, mais j'ai conservé ma compréhension et mes connaissances traditionnelles, avec lesquelles je peux voir les deux mondes et comprendre comment ils peuvent travailler en harmonie. En tant que cheffe d'établissement et administratrice, un environnement de pensée progressiste et fondé sur l'équité permettra à un plus grand nombre d'étudiants et de membres du personnel de se voir reflétés dans leur éducation. C’est la direction de l’école qui a le pouvoir de donner le ton et les orientations qui permettront aux élèves, au personnel et aux familles de voir et de ressentir une relation différente.
La réimagination de l’enseignement des STIM passe sans contredit par une augmentation de la représentation autochtone dans les STIM, une évolution qui peut s’effectuer à différents niveaux et de différentes manières, en intégrant par exemple une référence à un scientifique autochtone dans une leçon ou en embauchant un plus grand nombre de professeurs de sciences autochtones, des gestes qui permettent de réaliser que c’est le monde qui nous entoure qui informe les STIM, plutôt que le contraire. Il devient de plus en plus évident que si l'augmentation de la représentation des autochtones dans les STIM peut être déterminante pour les autochtones eux-mêmes, elle l'est également pour le reste de la société. Pendant trop longtemps, la société dominante a accordé une plus grande importance à la science occidentale, tout en considérant le savoir autochtone comme moindre.
L'enseignement des STIM nécessite également de valider les histoires orales et de mettre en valeur les contributions autochtones à la science. Il s'agit de prendre en compte les perspectives autochtones parallèlement aux écoles de pensée traditionnelles ou occidentales, en reconnaissant que le savoir autochtone peut fournir une compréhension plus saine des questions liées aux STIM. Les peuples autochtones ont des milliers d'années d'expérience en matière d'observation et d'adaptation à leur environnement et de développement de systèmes de connaissances complexes. Au cours de cette période, une quantité incroyable de connaissances est venue des langues autochtones, de sa compréhension et des perspectives qu’elles transmettent. Les noms des lieux, des plantes et des animaux contiennent des indices et des descriptions de ce qu'ils sont, de la façon dont ils peuvent être utilisés et de la manière dont les gens peuvent s'en servir et en prendre soin.
Juin est le mois national de l'histoire des autochtones et le 21 juin, nous célébrons la Journée nationale des peuples autochtones. C'est le moment d'honorer le patrimoine, la culture, les traditions et les réalités contemporaines des peuples autochtones. C'est aussi le moment de reconnaître les exploits, les réalisations et la résilience des peuples des Premières Nations, des Inuits et des Métis à travers le pays. Nous vous invitons à aborder cette journée avec un esprit et un cœur ouverts. Trouvez les points communs et célébrez les différences alors que nous cherchons tous à donner un sens à notre monde. Redéfinissez, réimaginez et revigorez les relations qui ont pu avoir un impact historique sur votre compréhension des Premières Nations, des Inuits et des Métis.
Des milliers de familles sont aux prises avec les effets continus des pensionnats indiens et cherchent encore leur voie vers le positif. Nous vous prions de réfléchir à la façon dont vos actions, ce mois-ci et chaque jour, contribuent à la création d’un monde où les enfants réalisent qu'ils comptent véritablement et qu’ils ont la possibilité de devenir tout ce qu'ils souhaitent devenir, y compris un scientifique ou un ingénieur !