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Filles codeuses : Inspirer et soutenir les femmes dans le domaine de l'informatique

Dans les médias | 2 mars 2022 | Partager sur :

Parlons sciences et la Société royale du Canada se sont associés pour offrir aux lecteurs du Globe and Mail une couverture pertinente des enjeux qui nous concernent tous, de l'éducation à l'impact des avancées scientifiques. Cet article a d’abord été publié sur le site du Globe and Mail.


Mazy Leung, Spécialiste en éducation, Développement numérique chez Parlons sciences

Imaginez que vous entrez dans la classe pour votre premier cours d'informatique. Vous regardez autour de vous et remarquez que vous êtes la seule fille dans une salle remplie de garçons. Vous réalisez aussi rapidement que les garçons font semblant que vous n'êtes pas là ou vous interrompent dès que vous prenez la parole. Telle a été l'expérience de Serena Sang, qui est maintenant une élève de 11e année/5e secondaire au Victoria Park Collegiate Institute de Toronto. Au lieu d'accepter le statu quo, Serena a fondé un club de codage pour filles avec le soutien de Mme Shirley Xie, enseignante d'informatique à son école. J'ai eu la chance de parler à Serena et à Mme Xie de leurs expériences en tant que femmes dans le monde de l'informatique qui est dominé par les hommes. Serena a parlé des défis qu'elle a dû relever, mais aussi de l'environnement favorable qu'elle a établi pour elle-même et les membres de son club de codage.

Serena an Ms. Xie being interviewed by PS.

 

Qu'est-ce qui vous a motivée à créer un club de codage pour filles ?

(Serena) : En fait, je ne m'étais jamais intéressée à l'informatique avant le secondaire. J'ai dû choisir entre l'informatique et le cours de civisme, politique et carrières lorsque j'ai sélectionné mes options de cours en 9e année (3e secondaire). Je ne voulais pas passer un semestre entier sur l'éducation civique et les carrières parce que je ne trouvais pas cela intéressant. Il était toutefois alarmant de constater l'écart entre les sexes, quelque chose  qui n'existe pas dans les autres cours. C'était plus difficile de suivre le cours (d'informatique) parce que je me sentais comme une « autre ». Donc, j'ai créé GWC (Girls Who Code*) parce que je veux favoriser une communauté au sein de Victoria Park, et j'espère pouvoir inspirer d'autres filles de mon école à coder.

(Mme Xie) :  Il y a plusieurs années, j'ai eu une expériences similaire en tant qu'étudiante de premier cycle se spécialisant en informatique. Il y avait également très peu de jeunes femmes dans mon programme, un cours comptant seulement six étudiantes sur un total de 70.

Quels sont les défis ou les obstacles à surmonter pour être une codeuse féminine ? Avez-vous été en mesure de surmonter ces défis ?

(Serena) : C'était émotionnellement et mentalement épuisant de sentir que je n'y avais pas ma place. J'ai surmonté ce défi en créant un club uniquement pour les filles, et j'ai trouvé d'autres codeuses qui partagent les mêmes intérêts que moi ! Un autre défi fut que je n'étais pas prise au sérieux. Dans GWC, il y a eu des gens qui ont infiltré notre serveur et nous ont manqué de respect. Je sais qu'il est inévitable - surtout dans un domaine dominé par les hommes - que certaines personnes soient irrespectueuses, alors j'essaie de discuter avec ces personnes en privé. C'est un environnement très compétitif, où l'attitude est que si vous avez des difficultés, alors ce n'est pas pour vous. Je crois que s'il y avait plus de filles et de femmes en programmation et plus d’alliés masculins, il serait plus facile pour les femmes et filles d'intégrer ce domaine en sachant qu’elles y trouveront une communauté sûre.

Comment fonctionne le club ? Comment avez-vous établi cet environnement sûr pour vous-même et les filles de votre club de codage ?

(Serena) : Il s'agit d'un club parascolaire qui se réunit deux fois par semaine. Nous alternons entre des séances d'apprentissage régulières (ateliers sur les langages Java et Python) et le développement d'applications Android. Les filles qui ne connaissent pas le codage y trouvent un environnement favorable pour apprendre les bases et résoudre des problèmes pratiques, puis nous réfléchissons et collaborons au processus de conception pour le développement d'applications. À l’heure actuelle, nous travaillons à créer un jeu de mots ludique, mais l'année prochaine, nous pourrons peut-être en créer une application avec un contexte plus global. Il est important pour les filles de ne pas se sentir intimidées et elles ne doivent pas avoir peur de poser des questions.

Un aspect social surprenant est ressorti du club, en grande partie mis en évidence par l’effet isolant de la pandémie qui touchait tout le monde. Je me suis rapprochée de certaines de mes amies en passant des heures à déboguer du code ensemble - en travaillant en équipe pour trouver et résoudre les erreurs dans un programme. Habituellement, je déteste le débogage, car il devient rapidement frustrant pour moi. Cependant, si je débogue avec une amie, c'est moins énervant, car je sais que quelqu'un est là pour m'aider et me soutenir, et nous pouvons faire des blagues en cours de route.

Quelles sont les compétences STIM que vous avez acquises en codant avec d'autres filles ? Comment ces compétences pourraient-elles vous aider dans d'autres domaines de votre vie ?

(Serena) : Je crois que, grâce à GWC, mes compétences en matière de pensée critique se sont améliorées parce que moi, ainsi que les autres gestionnaires, avons dû réfléchir à la façon dont nous codons et essayer de l'enseigner de manière accessible. Nous devons observer ce qui pourrait être les aspects les plus difficiles d'un certain sujet et les communiquer d'une manière que tout le monde peut comprendre. J'essaie instinctivement d'exprimer mes idées et/ou mes découvertes de manière compréhensible.

Quelles sont les exigences techniques requises ? Est-il coûteux de commencer à coder ?

(Serena) : Tout ce dont vous avez besoin est le wifi et un ordinateur portable pour commencer !

(Mme Xie) : Les écoles lancent leurs clubs au début de l'année scolaire, soyez attentifs et attentives à ces annonces. Vous pouvez habituellement trouver des informations sur les clubs parascolaires sur les sites Web des écoles.

Si j'étais une fille intéressée par le codage, par où commencerais-je ? Comment les parents peuvent-ils soutenir cet intérêt ?

(Serena) : Je pense que cela dépend de ton âge. Si tu es à l'école primaire, je te recommande de te tourner vers des programmes de codage par blocs comme Scratch afin d’avoir une base solide en pensée computationnelle. Si vous êtes plus âgée, je vous recommande de trouver un projet qui vous passionne. Par exemple, si vous voulez partager vos connaissances sur un certain sujet, vous pouvez créer un site Web. Vous pouvez faire quelques recherches sur les langages (informatiques) que le projet nécessiterait. Ensuite, je vous recommande de regarder des vidéos sur YouTube ou de suivre des cours en ligne. Les parents peuvent aider leurs enfants en les soutenant et en les encourageant ! Mais ne soyez pas trop insistants !

(Mme Xie) : Il existe désormais davantage de ressources et d'occasions pour les filles qui s'intéressent à l'informatique. Des concours et des compétitions sont conçus pour encourager les femmes à rejoindre ce domaine. Encouragez votre enfant, mais ne comparez pas votre enfant à un autre - cela peut facilement se retourner contre vous !

Consultez ces autres ressources pour aider vos enfants à s'intéresser à l'informatique.


[1] Aucune affiliation avec l'organisation à but non lucratif Girls Who Code