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Un voyage de passion, d’objectifs et de croissance personnelle : réflexion sur mon parcours

Blogue | 27 septembre 2023 | Partager sur :

Je m’appelle Elliott, Ojibway du côté de mon père et Mohawk du côté de ma mère. Lorsque je songe à mon parcours de vie, je ne peux m’empêcher de m’émerveiller en repensant à tous les virages et les détours qui m’ont mené à aujourd’hui. À l’approche de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation au Canada, je réfléchis aux événements marquants qui ont façonné ma vie et m’ont mené sur le chemin de l’autonomie et du changement positif. Voici un aperçu de mon histoire, qui témoigne du pouvoir de la résilience, de la découverte de soi et de la poursuite d’objectifs significatifs.

Elliott and his family

 

Enfant, j’aspirais à acquérir un sentiment d’identité, mais cette quête était souvent éclipsée par le monde dans lequel nous vivons. Bien que mon père m’ait transmis des leçons et une sagesse inestimables, j’étais à la recherche de liens plus profonds (j’avais environ 10 ans). Mes premières années ont été marquées par de nombreux déménagements en raison des études en droit de ma mère et, bien que ce mode de vie ait été difficile, il m’a permis de développer mes capacités d’adaptation et de résilience. En même temps, ce mode de vie m’a donné l’impression d’être devenu un étranger au sein de la communauté des Premières Nations dont j’étais issu lorsque nous y sommes retournés au terme des études de ma mère. Il m’a également été difficile de nouer des amitiés et de maintenir un sentiment d’appartenance, car j’ai fréquenté une école d’immersion française à l’extérieur de la communauté. Par conséquent, je n’ai jamais participé aux événements de ma communauté d’origine et je n’ai développé que peu de liens avec mes pairs. Quand un enfant ne fréquente pas la même école que ses pairs, ces derniers ont tendance à le traiter différemment. En fait, je voulais me faire des amis, tout simplement. J’ai donc continué à vivre comme n’importe quel adolescent. J’ai joué au football, je me suis attiré quelques ennuis ici et là (haha!) et j’ai fini par obtenir mon diplôme d’études secondaires.

Le parcours qui m’attendait était à la fois excitant et intimidant. L’université marquait le début d’un nouveau chapitre de ma vie et les obstacles à surmonter me semblaient considérables. Trouver un équilibre entre les exigences universitaires et la pression particulière à laquelle font face les étudiants des Premières Nations s’est avéré une tâche ardue.

Le poids des attentes universitaires était décuplé en raison de la responsabilité qui découlait du fait d’être un étudiant des Premières Nations. Le soutien financier que je recevais faisait en sorte que je devais maintenir des notes supérieures à la moyenne. Le fait de ne pas respecter ces normes aurait pu entraîner une période de probation, ce qui aurait mis en péril ce financement, crucial pour de nombreux étudiants. Le maintien d’un bon rendement scolaire était primordial, car il avait le pouvoir de déterminer si un étudiant aurait la chance de poursuivre ses études supérieures, compte tenu des contraintes en lien avec sa situation.

Ma situation personnelle était marquée par la chance : je venais d’une communauté où le financement de l’éducation était relativement répandu. Cependant, le véritable privilège que représentait le fait de fréquenter une université ou un collège échappait souvent à la perception de jeunes esprits comme le mien. Ce n’est que beaucoup plus tard que j’ai pris conscience de ce privilège et des limitations auxquelles font face d’autres jeunes des Premières Nations au Canada.

Mon parcours universitaire n’a pas été aussi simple que je l’espérais. De mauvaises notes et un manque de soutien m’ont amené à abandonner mes études après cinq ans sans avoir obtenu mon diplôme. J’ai vécu ce revers comme un échec et je me suis mis à douter de mon potentiel de réussite.

Elliott shocked face

 

Elliott with family at Fanshawe graduation.

 

Ensuite, j’ai travaillé dans un hôpital pour animaux, un travail en apparence banal qui s’est avéré transformateur. Grâce à mon dévouement et à mon travail acharné, j’ai pris conscience de ma propre capacité à évoluer et à réussir. Cela m’a incité à me réinscrire à l’université, une décision qui s’est avérée déterminante. Cinq ans plus tard, j’ai obtenu un diplôme en biotechnologie et je suis devenu membre fondateur du site Parlons sciences du collège Fanshawe, qui existe toujours aujourd’hui. Ces distinctions font partie des réalisations dont je suis le plus fier, outre le fait d’avoir obtenu ma maîtrise et fondé une famille.

Mon parcours m’a conduit sur une voie que je n’avais pas envisagée au départ, mais que j’ai totalement adoptée : l’éducation aux STIM et la sensibilisation auprès des Autochtones. En m’engageant auprès des jeunes Autochtones à risque dans le cadre de Parlons sciences, j’ai pu combiner ma passion pour les STIM et mon engagement envers mes origines. En inspirant les autres, j’ai plongé encore plus profondément dans ma propre identité autochtone, réussissant ainsi à tisser les liens dont j’avais tant rêvé plus jeune.

Aujourd’hui, je me trouve à l’aube d’un nouveau chapitre, avec une maîtrise en environnement et commerce en poche. La décision d’aller chercher ce diplôme n’a pas été sans heurts. Les souvenirs des conseillers scolaires qui doutaient de mon potentiel occupaient tout l’espace dans mon esprit au cours de mes premières années d’études. Essentiellement, la décision de poursuivre ma maîtrise est née du désir de me prouver que j’étais capable de le faire.

Mon parcours vers la maîtrise est en parfaite adéquation avec ma passion pour le développement durable chez Parlons sciences et mon engagement en faveur des peuples autochtones. À l’approche de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, c’est le pouvoir transformateur de la croissance personnelle qui me vient à l’esprit. Grâce à mon travail, j’espère créer un avenir plus prometteur et plus durable pour les communautés autochtones tout en inspirant la prochaine génération de jeunes esprits.